L’écriture inclusive, ce n’est pas une suite de points médians égrainés à longueur de textes. Être plus inclusif, c’est avant tout refuser d’être excluant.
Il existe de nombreuses méthodes pour une meilleure diversité de la langue : néologisme, épicène ou encore doublet.
Tous ces termes vous sont inconnus ?
Découvrez dans notre article comment devenir plus inclusif et pourquoi l’accord au masculin fait débat.
Plan de l'article
L’accord de genre masculin dans la grammaire française
« Le masculin l’emporte sur le féminin ». Cette règle de grammaire s’insinue dans nos esprits depuis nos années d’école élémentaire et nous semble immuable. Pourtant, elle n’a pas toujours eu la primauté.
Revenons quelques siècles en arrière pour mieux comprendre d’où vient cet usage.
Petit traité de la langue française à travers les siècles
La langue française subit des vagues de masculinisation au fil des siècles.
Au XIIIe siècle, on disait « ça pleut » et non « il pleut ». Jusqu’au XVIIe siècle, les termes féminins « autrices », « mairesses » ou encore « médecines » étaient couramment utilisés.
À cette époque, d’autres principes cohabitent avec l’accord au masculin : l’accord de proximité, ainsi que l’accord de choix. Des hommes de lettres tels que Racine ou Ronsard privilégiaient l’accord de proximité dans leurs écrits.
Afin d’unifier la langue, l’Académie française est créée en 1637. Sous l’impulsion de certains grammairiens, l’accord au masculin devient rapidement la règle dominante. Les autres règles d’accord tombent en désuétude.
Comment les grammairiens de l’époque expliquent-ils l’utilisation de cet accord ?
En 1651, dans Liberté de la langue française dans sa pureté, Scipion Dupleix écrit : « parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins, quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif ».
Un autre grammairien, Nicolas Beauzée, renchérit, en 1767 : « le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle ».
Les règles d’écriture inclusive dans la France contemporaine
Tout s’accélère dans les années 80. L’idée d’une écriture inclusive commence à émerger des milieux très fermés du militantisme.
En 1984, la Commission de terminologie relative au vocabulaire concernant les activités des femmes est créée par le gouvernement français. Un manifeste est publié : Femme, j’écris ton nom. Cette liste exhaustive de la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions fait toujours référence à ce jour.
Le point médian apparaît, quant à lui, à partir de 2015.
Il devient rapidement un sujet de discorde en France. L’Académie française proscrit son usage et l’accuse même d’être contre-productif et nuisible à la pratique de la langue. L’Éducation nationale interdit son utilisation à l’école, mais encourage la féminisation des métiers.
L’adoption d’une communication inclusive pour plus d’égalité
Rédiger de manière inclusive, c’est ouvrir la voie de la diversité et de la revalorisation de tous les genres. C’est aussi aller vers plus d’égalité entre les hommes, les femmes, mais également les personnes de tous genres.
Une écriture inclusive pour un meilleur respect de la diversité des genres
Un langage plus inclusif redonne leur véritable place aux femmes dans la langue française. Une communication inclusive permet d’inculquer, dès le plus jeune âge, le respect de chaque individu, sans distinction de sexe.
En outre, une éducation tournée vers la diversité, la bienveillance et l’inclusion offre l’opportunité d’une meilleure avancée des droits de tous les êtres humains.
La féminisation des métiers et des fonctions pour une revalorisation dès l’école
L’écriture inclusive, au-delà d’une visions féministe, change notre vision de certains métiers. Elle ouvre la porte aux femmes à des parcours professionnels réputés réservés aux hommes.
Dès l’école, des fillettes n’osent se projeter aux fonctions d’ingénieur ou de médecin. Une féminisation de ces noms permettrait aux femmes de se sentir moins exclues et plus légitimes à ce type de poste.
Utiliser les règles de l’écriture inclusive avec style et fluidité
Il est possible d’adopter quelques règles de l’écriture inclusive tout en gardant des textes agréables et lisibles. Cette nouvelle manière d’écrire provoque une gymnastique intellectuelle fort appréciable pour tous ceux qui aiment la linguistique.
L’écriture inclusive n’est pas qu’une contrainte, elle est également un formidable moyen d’enrichir notre chère langue française.
Certaines solutions de correction orthographique intègrent des conseils de style, pour améliorer votre pratique de l’écriture inclusive. Ainsi, ils détectent les termes masculins et vous proposent des alternatives neutres.
Le point médian : définition d’un signe typographique qui fait débat
Le point médian est sûrement la technique inclusive la plus vivement critiquée. Cette règle consiste à abréger les mots par leur terminaison féminine, à l’aide de points.
Nous écrirons donc : les rédacteur·trice·s et les consultant·e·s SEO aimeront probablement cet article.
Il faut reconnaître que cette pratique rend la lecture difficile.
De plus, ce signe typographique inclusif exclut une partie de la population, telle que les personnes dyslexiques ou les utilisateurs de synthèse vocale. Elle n’est pas reconnue par les algorithmes du Web. Le point médian est donc déconseillé en rédaction SEO.
Le doublet ou double flexion : une pratique d’écriture inclusive agaçante pour certains
Faire usage du doublet, c’est écrire chaque terme non neutre à la fois au masculin et au féminin.
Nous utiliserons par exemple : les habitants et les habitantes, les Français et les Françaises, etc.
Cette pratique peut alourdir les écrits.
Avis aux rédacteurs et rédactrices Web : en SEO, elle sera très pratique pour placer chaque déclinaison de vos mots-clés. Toutefois, n’en abusez pas. En trop grand nombre, les doublets peuvent gêner la lecture et décourager votre lectorat.
Les noms de type épicène : l’utilisation d’un langage plus neutre
Les termes de genre épicène sont l’option de premier choix pour une écriture inclusive, fluide et agréable à lire. Épicène désigne un nom commun aux deux genres. Il est donc neutre.
Les mots épicènes sont utilisés dans le but d’une rédaction plus inclusive depuis de nombreuses années, bien avant le célèbre et décrié point médian.
Nous dirons les membres au lieu des adhérents et adhérentes, la population au lieu des habitants et habitantes.
Les néologismes d’une langue française en perpétuel mouvement
Le français est une langue vivante et des néologismes voient le jour chaque année. Pourtant, aucun ne provoque un si vif débat que le langage inclusif ou la féminisation de certains noms.
Citons les termes Web, courriel ou le très récent déconfinement. Ils finissent par s’intégrer naturellement dans notre pratique de la langue.
Misons qu’à l’avenir, des néologismes neutres, et pourquoi pas féminins, compléteront notre riche langue française.
En définitive, il semble tout à fait réalisable d’allier contenu de qualité et rédaction inclusive. Cette manière d’écrire n’est pas nécessairement indigeste. Vous pouvez utiliser l’écriture inclusive sans vous rendre coupables de la moindre erreur grammaticale. Le point médian, parfois perçu comme provocant, n’est ni la meilleure ni la seule définition de l’écriture inclusive.
L’Académie française admet régulièrement l’usage de nouveaux noms, car la langue est vivante. Le français se transforme et évolue sans cesse. Alors, n’hésitez pas à vous emparer de certains néologismes féminins et termes épicènes. C’est en les rendant communs qu’une langue plus égalitaire et dans l’air du temps émergera.
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