La concordance des temps, c’est comme le subjonctif plus-que-parfait : un terme qui fait trembler les chaumières et rappelle nos terreurs d’écoliers en cours de grammaire et de conjugaison. Mais, que cache vraiment cette règle au nom beaucoup trop long ? Et, au fond, avons-nous vraiment besoin d’avoir peur ?
Dans toutes les langues, la concordance des temps est la règle qui régit le choix du temps et du mode d’un verbe de la proposition subordonnée en fonction de la principale.
En effet, la relation entre une proposition subordonnée et sa proposition principale est une relation de dépendance et implique donc de respecter quelques règles, selon ce que l’on veut exprimer.
L’inscription du récit dans une temporalité (présent, passé ou futur), mais aussi le fait de rapporter des discours au sein de ce récit, ou encore l’implication du locuteur sont autant de paramètres qui vont jouer sur l’emploi de tel temps et de tel mode.
On comprend donc l’intérêt de connaître et de maîtriser cette règle pour une bonne expression française, tant à l’oral que du côté de l’écrit, pour améliorer son orthographe. Pour cela, Merci App s’est replongé dans sa grammaire et vous a concocté un petit cours : suivez le guide !
Plan de l'article
Définition : qu’est-ce que la concordance des temps ?
La concordance des temps assemble différentes notions linguistiques.
En réalité, il ne s’agit pas d’un terme de la grammaire académique, mais plutôt d’une tradition qui a rassemblé sous cette bannière différentes règles liées à l’emploi de temps verbaux, à la subordination et à l’emploi du subjonctif.
Le subjonctif (le fameux !), la construction de certaines subordonnées, le décalage entre règles classiques et usage réel (où certaines formes du subjonctif sont clairement tombées en désuétude) : tout cela fait régner un flou grammatical et artistique.
Mais, s’il y a une définition à retenir, c’est bien qu’il s’agit de la correspondance entre le verbe de la proposition principale et le verbe de la subordonnée.
Le nerf de la guerre : la relation entre la proposition principale et la subordonnée
La concordance des temps impose un usage des temps verbaux pour inscrire logiquement les actions évoquées dans la chronologie. On peut ainsi exprimer :
- L’antériorité ;
- La simultanéité ;
- La postériorité.
Pour cela, et lorsque l’on emploie une phrase complexe, c’est-à-dire une phrase dotée d’une proposition principale et d’une subordonnée, la langue française impose le recours à certains temps en fonction de la chronologie.
Par exemple, pour exprimer la simultanéité, le français impose :
Exemples :
Je pense que ma mémoire est fatiguée et que mon souvenir me trompe.
Je pensais alors que ma mémoire était fatiguée et que mon souvenir me trompait.
Ce jour-là, il pensera que sa famille lui manque.
NB : Attention à ne pas passer à côté de certaines fautes à l’écrit, notamment dans la morphologie verbale ! La différence entre les terminaisons “-ai” du futur et “-ais” du conditionnel est une tarte à la crème de l’orthographe… N’hésitez pas à utiliser une application qui corrige les fautes d’orthographe en français comme MerciApp, qui soulignera et vous expliquera vos erreurs.
Pour exprimer l’antériorité de l’action de la subordonnée :
Exemples :
Je crois qu’il est venu hier. Il me semble qu’il vint alors lui rendre visite.
Je pensais qu’il était venu.
Elle saura qu’il est venu / qu’il était venu.
Pour exprimer la postériorité de l’action de la subordonnée :
Exemples :
Nous savons qu’il viendra pour la surprise de demain.
Nous savions qu’il viendrait pour notre anniversaire de mariage. / Nous avons su qu’il viendrait.
Il saura qu’elle reviendra l’année prochaine.
L’emploi du subjonctif
La question de l’emploi des temps se corse lorsque apparaît la nécessité d’employer le subjonctif. Pour rappel, ce mode est employé lorsque la subjectivité du locuteur est engagée ou bien domine.
Ici, encore une fois, la concordance des temps impose une adéquation entre l’inscription dans la chronologie et le temps de la proposition principale. Cependant, avec des formes du subjonctif qui tombent en désuétude, notamment dans le langage oral, un assouplissement des règles advient.
Petit rappel de la théorie de la concordance des temps à observer, avec leur adaptation dans les faits.
Simultanéité ou postériorité
Pour exprimer la simultanéité ou la postériorité de l’action de la subordonnée, on emploie :
- Le subjonctif présent lorsque la principale est au présent, au futur ou au conditionnel présent :
Je crains qu’il ne vienne pas. À ta place, je craindrais qu’il ne vienne pas.
- Le subjonctif imparfait lorsque la principale est à un temps du passé :
Je craignais que tu ne vinsses pas.
Dans la pratique, le subjonctif imparfait n’est guère plus utilisé dans le langage courant, surtout à l’oral : on trouve souvent le subjonctif présent à la place de ces formes, et ce quel que soit l’ancrage temporel. Bien sûr, le propos perd en précision ou en sens, mais que voulez-vous !…
Exemple : Je craignais que tu ne viennes pas.
Antériorité
Pour exprimer l’antériorité de l’action de la subordonnée, on emploie :
- Le subjonctif passé lorsque la principale est au présent
Je regrette qu’il ait choisi ce film hier.
- Le subjonctif plus-que-parfait lorsque la principale est au passé
Je regrettais qu’il eût choisi ce film la veille.
De la même façon, dans l’usage, le subjonctif passé vient souvent remplacer le subjonctif plus-que-parfait :
Je regrettais qu’il ait choisi ce film. / Je regrettais que nous ayons choisi ce film. (au lieu de “que nous eussions choisi ce film.”)
Les discours rapportés
Cette petite fiche récapitulative serait incomplète sans une évocation, même rapide, des discours rapportés. En effet, lorsque le discours n’est pas rapporté au discours direct, et donc qu’il nécessite l’emploi de propositions subordonnées, la concordance des temps s’applique.
Là encore, elle dépend du lien chronologique entre les deux propositions, mais aussi du fait que l’évocation du discours direct s’accompagne d’un transfert temporel.
Lorsque le verbe de la principale est au présent ou au futur, et qu’il y a simultanéité des deux actions, on garde le même temps que pour le discours direct :
Exemple :
Il part et me dit : “Je reviens tout à l’heure”
Il part et me dit qu’il revient tout à l’heure.
Lorsque le verbe de la principale introductive du discours (ici le verbe “dire”) est au passé, le passage au discours direct impose des changements :
- Pour un discours source au présent, le verbe doit être mis à l’imparfait.
J’ai raison. > Il nous a dit qu’il avait raison.
- Pour un discours source au passé composé, le verbe doit être conjugué au plus-que-parfait.
J’ai eu raison de ne voir personne. > Il nous a dit qu’il avait eu raison de ne voir personne.
- Pour un discours source au conditionnel ou au futur, le verbe doit être conjugué au conditionnel présent.
Je viendrais/Je viendrai demain. > Il nous a dit qu’il viendrait demain.
Remarque : La relation chronologique entre le temps de l’énonciation et le discours rapporté est alors bien souvent à comprendre en fonction du contexte !
Cas où la concordance des temps ne s’applique pas
Terminons enfin cet article par ces cas où, contre toute attente – et parce que le français est une langue à exceptions, la concordance des temps ne s’applique pas.
Il s’agit de cas où l’action se détache de toute inscription temporelle : ce sont typiquement les présents de vérité générale. Ici en effet, le verbe de la proposition subordonnée demeure au présent quel que soit le temps de la proposition principale : la vérité est en effet valable pour toute époque !
Exemple :
Je t’assure que la Terre est ronde.
Pythagore a dit que la Terre est ronde.
Vous voilà paré pour affronter toute inscription d’une action dans le temps, et ce, peu importe la phrase. N’hésitez pas à vous familiariser avec ces exemples et à faire des exercices. Avec un tel apprentissage, ne passez plus à côté d’une occasion de briller grâce à des subjonctifs imparfait parfaitement employés !
Sources :
- Grande Grammaire du français, sous la direction de Anne Abeillé et Danièle Godard, Actes Sud, 2021.
- Sur le subjonctif : Le subjonctif en français, Olivier Soutet, Ophrys, 2002.
[share-main]