Le monde du travail évolue, et pas qu’un peu. Depuis 2020, la crise sanitaire aidant, de nombreuses personnes ont changé de voie pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Et plus de 2 ans après, vous êtes encore nombreux à avoir ce projet dans un coin de votre tête.
Alors pour vous aider à concrétiser ce projet, nous vous présentons aujourd’hui la micro-entreprise (ou auto-entreprise, c’est la même chose). Il s’agit d’une entreprise individuelle bénéficiant d’un régime social et d’un régime fiscal simplifiés. Avec ce statut, vous n’aurez plus d’excuses pour ne pas vous lancer dans l’entrepreneuriat !
Plan de l'article
Des démarches de création simplifiées et 100% en ligne
Nous sommes tous d’accord sur une chose : les administrations françaises sont les reines de la paperasse. Alors quand on envisage de créer une entreprise, il est normal d’avoir peur de se retrouver face à l’administration…
Cependant, pas besoin de vous rendre dans la Maison des Fous comme Astérix pour devenir auto-entrepreneur ! Et rassurez-vous, les démarches restent relativement simples.
En effet, la création d’une auto-entreprise peut se faire en ligne gratuitement. Vous devrez remplir un formulaire appelé cerfa P0 CM (activités commerciales ou artisanales) ou P0 PL (professions libérales). Ce formulaire peut être rempli en ligne sur le site formalites.entreprises.gouv.fr.
La création est simplifiée puisque vous pourrez vous affranchir de certaines démarches obligatoires pour créer une société (SARL ou SAS par exemple) :
- Pas de capital social minimum à bloquer à la banque,
- Pas de statut de société à rédiger,
- Aucune annonce légale à publier dans un journal d’annonces légales,
- Pas de liste des bénéficiaires effectifs à donner,
- etc.
Non, il suffit de remplir un formulaire en ligne, et de joindre certaines pièces justificatives classiques (pièce d’identité, justificatif de domicile, etc.) !
Attention toutefois, des choix importants doivent être réalisés sur le formulaire de création. Si vous n’êtes pas à l’aise avec ces démarches ou les choix à effectuer, faites-vous accompagner !
Une comptabilité allégée qui ne nécessite pas d’expert-comptable
Une fois l’auto-entreprise créée, vous devrez respecter quelques obligations comptables. Mais encore une fois, n’ayez crainte, c’est à la portée de tout le monde !
Les auto-entrepreneurs bénéficient d’un régime fiscal spécifique : le régime micro-fiscal. Ce dernier réduit considérablement vos obligations comptables.
Vous devrez simplement :
- Tenir un livre de recettes et un registre des achats,
- Ouvrir un compte bancaire dédié à votre auto-entreprise,
- Émettre des factures conformes pour vos clients,
- Et conserver toutes vos pièces comptables pendant 10 ans.
Vous n’avez pas de bilan comptable à faire chaque année. Autrement dit, le recours à un expert-comptable n’est clairement pas nécessaire en auto-entreprise.
Toutefois, pour éviter les erreurs et vous simplifier la tâche, il est conseillé d’utiliser un logiciel de gestion adapté pour les auto-entrepreneurs.
Des charges limitées et faciles à anticiper
Pour votre porte-monnaie, la microentreprise a également l’avantage d’être le statut ayant le niveau de charges le plus bas, comparé aux autres formes d’entreprises. Les taux de charges sont fixes et dépendent de la nature des activités que vous exercez.
Du côté des cotisations sociales, les taux varient entre 6,4% et 22,2% de votre chiffre d’affaires.
Voici plus en détail les taux applicables en 2022 :
- Ventes de marchandises : 12,8% du CA (6,4% la 1ère année avec l’ACRE),
- Prestations de services artisanales, commerciales et libérales non réglementées : 22% du CA (11% la 1ère année avec l’ACRE),
- Activités libérales réglementées relevant de la CIPAV : 22,2% du CA (12,1% la 1ère année avec l’ACRE).
À cela s’ajoute la Contribution à la Formation Professionnelle, dont le taux varie entre 0,1% et 0,3% du CA, et la Taxe pour Frais de Chambre Consulaire (entre 0,015% et 0,48% du CA).
Au global, on peut simplifier un peu les choses en comptant environ 15% pour une activité de ventes de marchandises, et 25% pour une activité de prestations de services.
Il est donc facile d’anticiper ces charges, et vous n’aurez pas de mauvaises surprises. D’autant plus qu’en cas de chiffre d’affaires nul au cours d’un mois (ou d’un trimestre), vous n’aurez par conséquent aucunes cotisations minimales à payer ! Un autre atout non négligeable de ce statut.
Des déclarations de chiffre d’affaires simples et en ligne
Toujours dans cette optique de simplicité, vos déclarations de chiffre d’affaires seront à faire en ligne sur le site autoentrepreneur.urssaf.fr. En effectuant ces déclarations, vos cotisations sociales seront automatiquement calculées. Vous n’aurez plus qu’à les régler en ligne, par carte bancaire ou via un prélèvement SEPA.
Les déclarations URSSAF devront être effectuées tous les mois, ou tous les trimestres, selon la périodicité choisie. Ces déclarations et paiements mensuels simplifient aussi la gestion de votre trésorerie : il suffit de laisser de côté l’argent nécessaire pour payer vos cotisations pendant 1 à 3 mois maximum.
Pour déclarer vos revenus à l’administration fiscale, c’est également relativement simple. En fait, vous allez déclarer vos revenus aux impôts en même temps que votre déclaration de revenus personnelle. Il suffira d’indiquer sur un feuillet complémentaire (2042-C-Pro) le montant de CA encaissé au cours de l’année précédente.
Une fiscalité avantageuse
D’un point de vue fiscal, l’auto-entrepreneur est également avantagé. Grâce au régime micro-fiscal, son revenu est calculé en appliquant un abattement forfaitaire sur son chiffre d’affaires. Cet abattement remplace les frais professionnels qui ne sont pas déductibles du CA pour un auto-entrepreneur.
Voici les taux d’abattement applicables pour les auto-entrepreneurs :
- 71% pour une activité de vente de marchandise,
- 50% pour une activité de prestation de service artisanale ou commerciale,
- 34% pour les professions libérales.
Autrement dit, l’administration fiscale considère que votre revenu imposable est égal à 29%, 50% ou 34% de votre chiffre d’affaires, selon la nature de votre activité. Ce revenu est ajouté aux autres revenus de votre foyer fiscal afin de calculer le montant de votre impôt global, en appliquant le barème progressif de l’impôt sur le revenu.
Sous certaines conditions, vous pourrez même optimiser un peu votre imposition en tant qu’auto-entrepreneur. En effet, vous aurez la possibilité d’opter pour le versement libératoire de l’impôt sur vos revenus autoentrepreneur. Dans ce cas, l’impôt sera prélevé par l’URSSAF, en même temps que vos cotisations sociales.
En cas d’option pour le versement libératoire, votre taux d’imposition sera alors fixé en fonction de votre catégorie d’activité :
- 1% pour les ventes de marchandises,
- 1,7% pour les prestations artisanales et commerciales,
- 2,2% pour les professions libérales.
Cette option peut se révéler très intéressante si vous êtes déjà imposable. Dans certains cas, elle peut permettre d’économiser plusieurs centaines d’euros par an d’impôts !
Les limites du régime auto-entrepreneur
Comme toujours, il y a toujours un “mais”… Le statut auto-entrepreneur a certaines limites, ce qui fait qu’il ne sera pas adapté à tous les projets de création d’entreprise.
La première limite est liée aux plafonds de chiffre d’affaires. Le statut est ouvert aux entrepreneurs qui réalisent moins de 72 600 € par an en prestations de services ou 176 200 € par an en ventes de marchandises. Au-delà de ces seuils, le régime n’est plus applicable.
La deuxième limite est tout simplement le contrecoup de la comptabilité allégée du régime micro-fiscal. Sans bilan comptable, il est impossible de déduire vos charges réelles de votre chiffre d’affaires afin de ne payer vos charges que sur votre bénéfice. Vous devrez donc limiter au maximum vos charges pour que le statut reste intéressant.
La 3ème est liée à la TVA. En dessous de certains seuils, vous ne serez pas redevable de la TVA. Pour certains, ce sera un avantage : pas de TVA à facturer à vos clients (donc vous pouvez être 20% moins cher que vos concurrents), et pas de déclarations de TVA à faire (une formalité administrative en moins). Pour d’autres, ça peut être un inconvénient : vous ne pourrez pas vous faire rembourser la TVA payée sur vos frais et dépenses professionnelles.
Enfin, si votre projet implique des besoins en financement pour son démarrage, l’auto-entreprise ne sera peut-être pas adaptée. En effet, il sera plus compliqué d’obtenir un financement avec ce statut. Dans ce cas, il est plutôt conseillé d’opter pour la création d’une société.
Voilà, vous savez maintenant dans les grandes lignes comment fonctionne le statut auto-entrepreneur ! Alors, ces infos vous permettent-elles d’envisager plus sereinement votre projet ? Allez-vous franchir le cap et vous lancer dans l’entrepreneuriat ?
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